ANALYSER L'ENSEMBLE DES COÛTS LIÉS À LA TRAITE ROBOTISÉE
Avant de s'équiper, il est conseillé de bien comparer le coût du robot face aux autres installations de traite, puis d'analyser son impact sur les frais de fonctionnement et sur le système alimentaire.
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PREUVE QUE LE ROBOT EST devenu une véritable alternative à la salle de traite classique, il représenterait déjà plus de 30 % des installations neuves en France. En début d'année, on en dénombrait entre 1 500 et 1 800 en fonctionnement dans des exploitations. Cette nouvelle technologie attire donc un nombre croissant d'éleveurs.
Avant d'investir, ces derniers doivent bien analyser l'ensemble des coûts liés à la traite robotisée et comparer le coût du robot aux autres solutions de traite. Pour cela, les éleveurs peuvent s'appuyer sur un document (1) réalisé par plusieurs organismes agricoles, qui détaille le coût des différentes installations de traite (voir infographie ci-contre). Les chiffres datent de décembre 2007 et ont un peu évolué depuis, mais ils permettent de bien comparer tous les équipements.
Premier constat : quelle que soit la taille du troupeau, le robot apparaît toujours plus cher qu'une salle de traite en épi ou TPA (traite par l'arrière). Par exemple, pour un troupeau de 60 vaches, un éleveur devra débourser une somme supplémentaire de 69 300 € pour acquérir un robot, comparé à une salle de traite en épi ligne basse de 2 x 6 postes. Même situation avec 120 vaches, où la pose de deux stalles coûte 123 100 € de plus qu'une salle de traite en épi ligne basse de 2 x 12 postes. Ces montants prennent en compte le coût de l'équipement, celui du bâtiment pour la traite, la laiterie et l'aire d'attente, en intégrant les couloirs de retour. Le document met en évidence que le faible encombrement du robot permet de diviser par deux, voire par trois la facture du bâtiment. En revanche, l'économie réalisée ne compense qu'en partie le surcoût du robot. Ce dernier comporte systématiquement des outils proposés en option sur les autres installations.
LE ROBOT PLUS COMPÉTITIF QUE LE ROTO
« Si l'on veut comparer toutes ces installations avec le même niveau d'équipement, il faut compter un supplément de 1 000 à 1 200 € par poste dans les salles de traite pour ajouter des compteurs à lait et des outils d'analyse de la conductivité du lait, remarque Yvon Seité, du pôle herbivores des chambres d'agriculture de Bretagne. De plus, l'installation d'un Dac de deux à quatre stalles dans un bâtiment coûte 12 000 à 20 000 €. » En matière de coût d'investissement, le robot devient réellement compétitif lorsqu'on le compare à une salle de traite rotative (roto) pour des troupeaux de grandes tailles.
Certes, il est encore nécessaire de débourser 17 500 € supplémentaires pour installer deux stalles, mais le rapport s'inverse lorsqu'on observe le coût de ces deux installations avec le même niveau d'équipement. Ainsi, un roto de 24 postes en traite intérieure revient à 335 100 € (toutes options), tandis que deux monostalles valent 283 700 €. Même si des compteurs à lait et des outils de détection des infections mammaires s'avèrent utiles pour gérer un grand troupeau, dans les faits, les éleveurs qui choisissent un roto n'achètent pas toujours ces équipements. Pour aller plus loin dans l'analyse, l'étude dresse aussi le coût ramené au litre de lait. Elle inclut le remboursement des emprunts et les frais d'entretien. Bilan : le fossé se creuse encore davantage entre le robot et les autres installations de traite. D'une part, parce que le premier coûte plus cher en équipement, mais moins cher en bâtiment et que les annuités d'emprunt ont été calculées sur dix ans pour la partie matériel et quinze ans pour le bâtiment. D'autre part, le robot est plus gourmand en coût de fonctionnement. Ainsi, les frais d'entretien se chiffrent à 12 €/1 000 l et sont trois fois plus élevés que pour une salle de traite classique. Le roto se situe à un niveau intermédiaire avec un coût de fonctionnement estimé à 8 €/1 000 l. « Pour le robot, nous avons évalué les frais de consommables (manchons, tuyaux…) à 2,10 €/1 000 l, les produits d'hygiène à 2,90 €/1 000 l et la maintenance à 7,20 €/1 000 l. »
Le robot fonctionnant de façon quasiment continue, il convient de s'intéresser à la consommation d'énergie. Cette fois-ci, c'est l'Institut de l'élevage qui a étudié la question. Il dévoile que la traite robotisée consomme environ 20 % de plus qu'une installation classique. Les frais d'électricité se chiffrent à 120 Wh par litre de lait, contre 100 Wh pour une salle de traite. « Ces résultats ont été calculés sur trois exploitations et méritent d'être validés sur un nombre plus important d'installations », ajoute Yvon Seité.
Le passage à la traite robotisée a aussi une incidence sur le coût alimentaire. Les chambres d'agriculture de Bretagne et de Loire-Atlantique ont estimé qu'il progressait de 10 €/1 000 l, le poste concentré étant la principale cause de ce surcoût. Ce chiffre a été calculé sur 2004-2005, en comparant des exploitations équipées de robot à d'autres élevages ayant le même niveau de production (8 500 kg par vache laitière). « Nous avons observé une diminution des quantités de pâturages de 600 kg de MS par UGB. Parallèlement, le recours aux fourrages conservés progresse. Les quantités stockées passent de 3 800 à 4 500 kg de MS par UGB. Les éleveurs sont obligés d'augmenter les quantités de concentrés de plus de 300 kg par UGB pour corriger la ration. » Il est donc conseillé de bien étudier l'adéquation de la traite robotisée avec la conduite du système d'alimentation, et notamment le pâturage. De son côté, le BTPL a publié des chiffres sur le coût alimentaire qui vont dans le même sens. Cet organisme révèle que les charges en concentrés progressent de 13 €/1 000 l. Bien entendu, ces coûts liés à l'acquisition d'un robot sont à remettre en perspective face aux gains que l'éleveur peut en retirer, notamment sur ses conditions de travail. Les chambres d'agriculture de Bretagne estiment que cet équipement permet une diminution de l'astreinte et un gain de temps de traite qui peut atteindre deux heures par jours pour un troupeau de 60 vaches.
N. L.
(1) « Choisir une installation de traite », par les GIE de Bretagne et des Pays de la Loire, les chambres d'agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire, et l'Institut de l'élevage.
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